samedi 29 janvier 2011

Les voitures, des vaches sacrées ?

Empiler les voitures, la solution ultime
pour regagner de l'espace public ?
Photo Gilderic, licence Creative Commons
A Saint Michel de Lanès, la voiture occupe une place particulière. Rien d'étonnant compte tenu de notre situation géographique, qui nous rend très dépendants de ce mode de transport. Quand la mécanique tousse, c'est l'organisation quotidienne qui s'enraye... il faut alors déployer des trésors de débrouillardise, ou s'en remettre à la solidarité villageoise, pour ne pas rester bloqué dans ses pénates.

Il y a 10 ou 15 ans, on aurait pu en rester à ce constat, sans en tirer plus de conclusions.

Mais ces dernières années, Saint Michel s'est beaucoup repeuplé, avec le plus souvent des familles contraintes d'avoir 2 voitures. Ce dynamisme démographique est une bonne chose en soi... mais son impact sur notre cadre de vie soulève quelques questions.



La mère Denis à la rue


Ben oui... le nombre d'habitants et de voitures augmente, mais les rues, elles, ne sont pas extensibles ! Du coup, les places de stationnement commencent à se raréfier, du moins quand on espère laisser son véhicule à quelques dizaines de mètres de sa maison. C'est surtout vrai dans le bas du village, où l'habitat est plus dense que dans le haut.

Ce qui complique encore les choses, c'est que certains habitants ont une conception particulière de l'espace public... Sous prétexte qu'un emplacement se trouve devant leur maison, ils ont tendance à se l'arroger, et semblent trouver légitime qu'aucun autre véhicule que le leur n'y stationne. Cet état d'esprit se manifeste le plus souvent par la pose sur le dit emplacement d'objets destinés à signifier que cette portion de rue leur appartient : structures en bois, bacs à fleurs (sans fleurs), quand il ne s'agit pas de gros électro-ménager dans un état qui indignerait la mère Denis. Tout ceci étant parfaitement illégal, puisque la voie publique est la propriété de la municipalité - et par extension de nous tous.

Le tout devient plus préoccupant quand des personnes se mettent à signifier verbalement (parfois agressivement) à des automobilistes en quête d'une place qu'ils n'ont pas à se garer sur l'emplacement qu'ils se sont abusivement attribué. C'est arrivé à votre serviteur... j'avais d'ailleurs refusé d'aller voir ailleurs, et troublante concomitance de faits,  j'avais retrouvé ma voiture rayée sur toute sa longueur le lendemain matin*. D'autres habitants m'ont fait part de raids similaires sur leurs berlines : essuies-glaces tordus, coups de cuter sur les pneus (ce que l'on peut sans hésiter qualifier d'acte potentiellement criminel)...


De jolis trottoirs en galets... cachés par plein d'autos !
La multiplication des voitures dans nos rues a aussi un impact visuel. Tous les goûts étant dans la nature, les jugements pourront varier... mais en posant 5 minutes notre regard et en imaginant (par exemple) des bacs à fleurs (avec des vrais morceaux de fleurs dedans) et des bancs publics à la place des voitures, on conviendra que ça flatterait un peu plus la rétine !

Des voitures en moins, ce serait aussi des rues plus conviviales... et plus sûres pour des enfants de plus en plus nombreux. Plusieurs parents racontent avoir été témoins d'accidents évités de justesse.

Des solutions ?


Certes, nous n'en sommes pas encore à la congestion ou à la guerre civile ! Mais si vous trouvez que la question posée dans ce billet n'a pas lieu d'être, projetez-vous dans 3 ou 5 ans, et imaginez comment la situation peut évoluer, avec des habitants toujours plus nombreux dans le coeur de village.

Pour anticiper, on peut imaginer quelques solutions, plus ou moins simples à mettre en oeuvre, à court et à moyen terme :

- Concernant l'occupation de l'espace public et les "incivilités" (et délits) liées à son appropriation abusive. Ca tombe sous le sens : le rappel poli mais ferme de la loi par les autorités concernées. En premier lieu le maire, investi de par sa fonction de pouvoirs de police.

- La mise en place d'une solution d'autopartage au niveau de la communauté de communes pourrait être envisagée. Pour une famille, l'autopartage serait vraisemblablement une alternative intéressante à l'acquisition d'un 2ème véhicule. En incitant les gens à être co-propriétaires de voitures mises en commun plutôt que chacun propriétaires de leur voiture particulière, il contribuerait à limiter le nombre de véhicules dans nos rues. Cette formule réduit aussi considérablement les coûts d'achat et d'entretien des véhicules. Ce qui ne serait pas négligeable dans les années qui viennent, ces économies permettant de compenser le coût du pétrole, qui pèsera de plus en plus sur le pouvoir d'achat des ménages.
Ceci étant dit, en milieu rural, les conditions de rentabilité économique et d'efficacité de ce type de service demandent à être étudiées de manière minutieuse. Mais j'y reviendrai dans un billet ultérieur.

- Dernière solution : interdire le stationnement dans le périmètre encombré, à savoir le bas du village. Et pour éviter tout sentiment d'injustice, il serait préférable que toutes les rues soient concernées. Les personnes à mobilité réduite (personnes âgées ; personnes en situation de handicap ponctuel ou définitif) bénéficieraient de dérogations, et l'arrêt temporaire (par exemple pour décharger les courses) resterait autorisé. C'est bien joli, mais où va t-on les garer, toutes ces voitures ? Et bien justement, il y a des endroits où l'espace ne manque pas : à l'entrée du village, l'allée des platanes et le parking du restaurant Les Marroniers (le plus souvent aux 3/4 vide) ; ou à côté de l'espace de tri sélectif situé au bout de la rue des Fontaines, en bordure de la route de Belflou... sans oublier les places qui jouxtent le cimetière dans le haut du village, peu occupées.
Au final, pour n'importe quel habitant, ça ne ferait au maximum que 200-300 mètres à parcourir à pied pour rejoindre son domicile. Une paille comparé aux distances qu'on est prêt à faire pour trouver une place, quand on habite en ville.

En fait, la principale difficulté d'une telle solution, c'est la méthode pour la mettre en oeuvre. Les municipalités ont tendance à préférer l'inaction, plutôt que de risquer de se mettre à dos la partie de la population la plus viscéralement attachée à la voiture. Ce type de changement se prépare et s'accompagne donc avec un minimum de communication, voire de concertation. Si ça ne suffit pas à garantir le succès de l'entreprise, c'est une condition nécessaire. En plus, comme on dit quand on fait de la politique, "c'est bon pour la cohésion sociale" !

Dommage que notre mairie n'ait pas jugé utile de faire ce type de démarche, lorsqu'elle a décidé il y a quelques mois, sans information préalable, de fermer la place de la Poste aux voitures. Sans surprise, l'expérience n'a pas fait long feu. Après le tombereau de protestations qui s'est déversé, les pauvres piquets de bois ont été prestement retirés. Avec l'engagement, si j'ai bonne mémoire, d'en reparler plus tard.

Alors, on en reparle ?

Actualisation du 10 mars 2011
De nouvelles observations faites par l'auteur de ce billet appellent une nuance au sujet des objets entreposés sur l'espace public : chez certains Saint Michelois cette pratique ne semble pas motivée par la volonté de garder la place pour leur propre voiture... mais plutôt par le ras-le-bol de voir des voitures obstruer leurs portes ou leurs fenêtres. Ce qui montre tout autant que la multiplication des voitures dans nos rues commence à poser problème...




* notez bien, je ne nomme ni n'accuse personne !

2 commentaires:

  1. Je trouve ton article très intéressant et l'idée d'une seconde voiture à partager entre plusieurs familles plutôt bonne! Je sais que l'association Caracole (sur Ramonville)a mis en place ce système et que ça marche très bien. J'ai une amie qui est venue me voir l'autre jour dans notre campagne profonde, avec un de ces engins mis en commun. Un peu comme Cendrillon, il fallait qu'elle rentre avant telle heure pour ne pas retarder l'usager suivant! On se les arrache ces véhicules!

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  2. Mikael a appris a faire du vélo comme un grand, même pas un chute mais bon ç va arriver. Habitant de Saint Michel attention, un cycliste de plus dans les rues, on pourra le regarder faire en trinquant a la santé de nos enfants qui grandissent vite.

    Arnaud Lapersonne.

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