lundi 21 février 2011

Leiden, la cousine cathare

{Note de l'administrateur de ce blog} Je suis très heureux de vous livrer ici le premier billet que vient de m'adresser un Saint Michelois parti travailler en Hollande, Xavier Geneste. Je l'en remercie cordialement, et lui souhaite la bienvenue sur ces pages. Le premier billet d'une longue série, je l'espère !

Savez vous que des St Michelois se sont expatriés aux Pays Bas pour quelques temps?
Nous nous sommes installés à Leiden (Leyde) une ville du sud entre Amsterdam et La Haye. Leiden me rappelle Montpellier il y a 20 ans dans le sens où c’est une vieille ville universitaire à 10 km de la mer. Des hommes illustres y sont passés, comme Descartes qui y a écrit son discours de la méthode. N’allez pas me demander pourquoi… lisez plutôt « une chambre en hollande ».
Elle est le berceau de la physique des condensateurs car le principe de la bouteille de Leyde y a été développé.


Cette ville est considérée comme une petite Venise par les optimistes.
Elle est truffée de monuments, musées et restaurants de toutes les nationalités.
Comme je le disais, nous ne sommes pas loin de la mer et des grandes plages de la mer du nord.
Les enfants trouvent des aires de jeux dans chaque quartier et tout est fait pour qu’ils circulent en sécurité. La vitesse des véhicules est constamment cassée, mon ordinateur de bord indique 35km/h de moyenne.
Les marchés de Leiden n'ont rien à envier à ceux de Toulouse, les produits sont beaux et variés en provenance de tous les coins du monde.
Les agriculteurs raffolent de l'engrais "naturel". La campagne et la ville, du fait des vents persistants, sentent très souvent le purin. D’un autre côté une partie des cultures maraichères poussent sous l’éclairage artificiel.
Les Néerlandais sont fanatiques des vins du Languedoc Roussillon, j’ai trouvé du Listel et du Costières de Nîmes et du vin de l’Aude de très bonne facture.

La maison que nous louons est  située près du cœur historique de Leiden.
On apprécie de ne passer que deux ou trois heures à faire le ménage car, comme toutes les maisons des Pays Bas elle est étroite et haute et identique à celle de votre voisin. Les escaliers y sont très raides. Nous avons une petite cour intérieure où nous pouvons ranger les vélos et planter quelques bulbes.
Les ballades en vélo en famille autour des canaux sont très agréables.
Il y a énormément d'animaux, des canards, oies, poules d'eau, hérons, cygnes, mais aussi chevaux, vaches, moutons, chèvres... Dès qu'il ya un carré d'herbe, et il y  en a beaucoup, il est occupé par un ou plusieurs animaux. Il n'est pas rare de croiser un cavalier à cheval ou une calèche attelée.
Le printemps prend tout son sens ici avec l’éclosion de millions de fleurs.
Vous l’avez compris les Pays Bas sont une petite merveille sous le soleil.

Nos enfants vont à l'école avec leur gamelle, ils mangent dans la classe en 30mn et finissent vers 15h, le rythme est donc bien différent. Le contexte international les pousse à vivre dans la tolérance et l’acceptation de la différence.
Les femmes sont encouragées au travail à temps partiel et les Hollandais utilisent beaucoup les liens familiaux pour la garde des enfants.

Nous avons fait connaissance avec les 6 voisins de notre rangée de maison. Le contact se fait soit en Néerlandais, que l’on essaie de pratiquer, soit en Anglais qui est parlé par (presque) tous ici. Nous allons organiser une straatfest (fête de rue) fin Aout pour les 75 ans du quartier, soyez sûr que l’on apportera notre pastis Bardoin !

Les Néerlandais sont des gens avec un sens pratique aiguisé vivant de façon assez minimaliste. Leur religion plutôt Protestante, comme en Cévennes ou en pays Cathare, les pousse à refuser le superflu. Mais leurs voisins libéraux les attirent très fortement. J’irai presque à dire que ce sont des gens simples qui vivent richement.
Nous avons plusieurs français et francophones dans notre quartier et le boulanger commence à faire des croissants plus qu’honnêtes.

Mais pourquoi avoir choisi de partir vivre à l’étranger ?
Partir n’est pas un but en soi. Les opportunités créent l’envie. C’est un bon moyen de gérer sa carrière d’ingénieur. Quand vous revenez en France vous pouvez relativiser et comprendre comment l’Europe peut être un casse tête à mettre en place. A l’Agence Spatiale Européenne (ESA) je travaille avec une dizaine de nationalités différentes. Nous venons d’admettre la Roumanie comme étant membre !
Il faut absolument oublier ses préjugés sur les diverses nations. S’exprimer quotidiennement dans une autre langue que sa langue maternelle oblige à être concis, laisse peu de place à la fantaisie, et est source de malentendus. Ainsi, il faut trouver des soupapes à libérer quand le quotidien pèse trop. Car on n’est jamais totalement adapté à un pays, on y passe, on prend ce qui est bon, on fait le gros dos dans le vent et la pluie. Ici, en Europe, nous vivons tous de la même façon. Seules les langues nous séparent.
Mais ce qui manque aux Pays Bas c’est le PAIN, le vrai qui croustille! Et les fruits de mers (curieux non ?) même si je trouve parfois les « couteaux » de mon enfance ramassés dans le sable à Palavas (les fonds de Palavas sont désespérément vides maintenant).
Ce qui est drôle c’est la mode persistante des pantalons dans les bottes montantes chez les femmes. Il y a aussi des bottes-tongs!

Figurez vous que le monde est petit car nous avons rencontré une habitante des environs de St Michel. Vous pouvez être sûr que face à la Mer du Nord on ne s’y attend pas.
Quand nous revenons à St Michel, nous revenons chez nous. Nous avons l’impression de ne pas être partis tant le village nous attend. Nous nous sommes attachés à lui dès que nous l’avons rencontré. Ce village à besoin de nous aussi pour le faire vivre. Nous avons tant à faire pour faire face à son développement. Ce dont nous avons besoin ici c’est de débats et d’oreilles attentives. Notre halle ne peut se résoudre à être qu’une salle de fêtes, elle peut devenir une tribune, un forum où chacun propose.
Même éloigné, le village est dans mes préoccupations. Ses besoins sont immenses.
Comme l’Europe, notre village a besoin de tolérance et d’action, n’attendons pas que d’autres décident pour nous.

Xavier Geneste


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