jeudi 7 juillet 2011

La vidéosurveillance en question

Depuis que l'insécurité est devenue un thème central du débat public, on entend beaucoup parler de la vidéosurveillance (d'ailleurs rebaptisée "vidéoprotection" par ses promoteurs, locution dont vous noterez la tonalité plus rassurante) comme moyen de prévention et d'élucidation des actes de délinquance. De nombreuses villes en ont installé sur la voie publique, et l'Etat encourage aujourd'hui l'implantation de ces systèmes.


Mais si j'en parle sur ces pages, c'est parce que les grandes villes ne sont pas les seules à installer des caméras. Près de chez nous, le choix fait à Mazères témoigne que de plus en plus de communes rurales s'équipent. Compte-tenu du coût d'installation de ces systèmes (en moyenne, 20 000 euros par caméra), le phénomène a de quoi interroger, surtout dans des villages qui ne font pas souvent les titres de la presse locale pour les actes de délinquance qui s'y produisent, et dont les budgets sont souvent limités.






Abstraction faite de toute considération idéologique ou éthique (l'impact sur les libertés individuelles est souvent évoqué), c'est donc avant tout l'efficacité de cette technologie qu'il faut examiner.


Et là, en regardant les choses un peu rationnellement, on se rend compte qu'il est permis de douter fortement de l'intérêt de l'investissement. Des objections s'expriment de manière retentissante dans un rapport sur « l’organisation et la gestion des forces de sécurité publique » rendu public ce 7 juillet par la Cour des comptes (vous y accéderez en suivant ce lien). La Cour des comptes étant l'institution indépendante chargée du contrôle des comptes publics, on ne peut pas la suspecter de parti-pris idéologique ni de légèreté d'appréciation.


Et que lit-on dans ce rapport ?


- Que le « développement rapide mais coûteux » des caméras sur la voie publique se fait le plus souvent en l'absence préalable d’ « évaluation de leur efficacité selon une méthode rigoureuse, validée par des experts ». 
- Que les différentes études conduites à l’étranger « ne démontrent pas globalement l’efficacité de la vidéosurveillance de la voie publique ».
- Qu'en France on ne dispose quasiment d'aucune d’étude scientifique sur le sujet.
- Que la vidéosurveillance « ne peut se substituer à l’action des forces de sécurité étatiques ».


Pour aller plus loin, vous pouvez aussi regarder cette vidéo, qui rend compte des auditions d'experts organisées par la mairie de Toulouse. Une démarche inédite et louable qui a permis d'aborder le sujet de manière dépassionnée...


Journée d'auditions sur la vidéosurveillance... par mairieToulouse

... Vous en ressortirez peut-être convaincus que le choix d'implanter des caméras de vidéosurveillance relève au mieux d'un manque de réflexion, au pire d'une manière de faire de la politique (politicienne) en jouant avec les peurs de nos concitoyens.

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